Albert Lebourg - (1849 - 1928) - Peintre normand impressionniste, né à Montfort-sur-Risle et mort à Rouen…
Albert Lebourg naît le 1er février 1849 à Montfort-sur-Risle. Après des études à l’École des Beaux-arts de Rouen, il enseigne le dessin à Alger de 1872 à 1877. Durant ce séjour, sa palette s’éclaircit. A son retour à Paris, tout en fréquentant l’atelier de Jean-Paul Laurens, il commence à vendre ses toiles et participe à l’exposition municipale de Rouen en 1878. En 1879, puis en 1880, il rejoint le clan des Impressionnistes et participe à deux reprises aux expositions du “Groupe des Indépendants”.
Par la suite, il s’écartera de ce mouvement. Son caractère très indépendant lui fait suivre sa propre voie, plus pondérée, plus “normande” sans doute ? Il deviendra d’ailleurs la tête de file de l’Ecole de Rouen, branche rouennaise du Mouvement Impressionniste.
Sa production se développe et ses œuvres se multiplient et se vendent. Il expose pour la première fois seul en 1896. Infatigable voyageur il peint la Normandie, l’Auvergne, la Hollande, la Suisse, l’Angleterre.
Mais ce sont les paysages d’eau, et plus particulièrement les bords de Seine, qui semblent avoir sa préférence : les quais de Paris et le chevet de Notre Dame, les ports de la région parisienne, mais aussi Rouen où il séjourne à plusieurs reprises et où il se retire à la fin de sa vie. De Rouen, il part sillonner les alentours : Croisset, Dieppedalle, Oissel… et La Bouille, qu’il affectionne particulièrement et où il passe plusieurs étés.
En 1920, au sommet de sa carrière, il est victime d’un accident vasculaire cérébral et devient hémiplégique.
En 1923 une exposition lui est consacrée à la Galerie Georges Petit à Paris et Léonce Bénédite rédige sa biographie.
Albert Lebourg meurt le 6 janvier 1928 à Rouen, laissant derrière lui une production considérable de près de 3 000 œuvres ! Il repose au cimetière monumental de Rouen.
ALBERT LEBOURG, “LE” PEINTRE DE LA BOUILLE
Dès son enfance, Albert Lebourg fréquente le village à de nombreuses reprises, lorsque, de Montfort, il rejoint la capitale normande en empruntant le “Bateau de La Bouille”
A partir de 1904, le peintre y passe plusieurs étés de suite, logeant tout d’abord à l’hôtel, puis chez les Delaruelle, qui possèdent une maison sur le quai, en face de l’église, avec un “jardin merveilleusement situé pour peindre”…
(lettre d’Albert Lebourg à Félix Roux - La Bouille - 19 août 1907)
“Le jardin est bien celui où sont les deux arbres, on peut y travailler à son aise. Çà n’est pas le grand motif de La Bouille, on est un peu plus près des maisons et du bateau, on ne voit pas les arbres puisqu’on est en dessous.
C’est un site très exceptionnel”
Sans parler véritablement de “série” comme le pratiquait Monet, Lebourg réalise à partir de ce jardin, plusieurs tableaux très similaires, dont le fond est composé du majestueux méandre bordé de falaises, à différentes heures du jour ou sous différents éclairages. L’artiste greffe chaque fois une animation typique de la vie du fleuve : le passeur dans sa barque, le bac aux longues rames, l’arrivée ou le départ du bateau à vapeur, les passagers massés sur l’embarcadère, les voiliers lors des régates, la lavandière rinçant son linge dans le fleuve…
Souvent il effectue tout d’abord de rapides esquisses, au crayon ou à l’encre, sur des feuilles d’écolier, les colorises à l’aquarelle et note en marge le devenir du tableau : “Esquisse, pourra servir à faire un beau tableau” ou “une belle esquisse, faire aquarelle avec ciel nuageux bleuté en automne”. Ces documents passionnants permettent de comprendre le cheminement des œuvres de l’artiste.
Jamais de lumière écrasante dans les tableaux bouillais de Lebourg, mais des matinées brumeuses ou des crépuscules, à l’heure où les ciels, se reflétant dans les eaux du fleuve, sont éclatants ou mouvants “Voici 5 ou 6 jours que je me suis levé à 4h1/2 du matin et que je suis sur la nature aux premiers rayons du soleil. En réalité, il n’y a que cela, le matin ou hier, le soir”.
Albert Lebourg aurait consacré au village près d’une centaine de tableaux, (huiles, aquarelles, dessins, esquisses…). Ce qui le classe indéniablement comme “le” peintre le plus prolifique de La Bouille. Certaines de ces toiles comptent parmi les plus réussies de l’œuvre de l’artiste.
Le village, qu’il a tant aimé, était à ce point ancré en lui, que, devenu très diminué à la fin de sa vie, obligé de garder la chambre de son appartement rouennais, il peignait le méandre bouillais de mémoire. Des toiles étonnantes, modernes, émouvantes, où le motif n’est plus que suggéré.
Extrait de la plaquette : « Normandie impressionniste » LA BOUILLE 2010
Itinéraire Impressionniste « Sur les pas d’Albert Lebourg ».